Les onglets doivent être aussi faciles à utiliser avec une souris qu'un clavier.
La navigation au clavier dans cet exemple est réalisée uniqtement avec la touche [TAB]. Lorsqu'un onglet est sélectionné, l'appui sur la touche [ENTREE] affiche le contenu correspond en posant le focus sur ce contenu permettant ainsi la lecture dans la continuité. L'utilisation de la navigatin arrière [MAJ][TAB] permet de revenir à la liste des onglets et de reprendre la navigation dans les onglets.
Une navigation annexe - cachée aux navigateurs graphiques - permet également la navigation entre onglets à la fin de la lecture de chaque contenu.
Structure
[List] Les onglets
[Containers] Un container de contenu par onglet
[List (sr-only)] pour la navigation secondaire / rappel caché des onglets en fin de chaque container.
La guitare basse, instrument emblématique de la musique moderne, a une histoire riche et fascinante qui remonte à plusieurs siècles. Les premières traces de cet instrument sont en effet étroitement liées à celle de la contrebasse acoustique, avant que des innovations remarquables ne donnent naissance à différents modèles électriques.
Les origines de la guitare basse : héritage de la contrebasse
Dès le XVIIIème siècle, les musiciens ont eu besoin d’un instrument capable de produire les tonalités graves et profondes nécessaires pour équilibrer et soutenir les harmonies d’un orchestre. La contrebasse, également appelée basse à cordes, fait son apparition et connaît rapidement un véritable succès dans les salles de concert européennes, grâce à son timbre puissant et distinctif.
Caractéristiques principales de la contrebasse
Grand gabarit (entre 1,80 et 2 mètres de hauteur) ;
Cordes frottées ou pincées, généralement au nombre de quatre ;
Table d’harmonie renforcée par une ou plusieurs barres de soutien, garantissant une meilleure projection sonore.
Au fil des siècles, cet instrument connaît diverses manifestations, avec notamment l’apparition de la guitare-harpe et de la guitare lyre, témoignant de l’engouement pour les instruments à cordes graves. Toutefois, malgré ses qualités indéniables, la contrebasse n’est pas exempte d’inconvénients, notamment en raison de sa taille imposante et de sa technique de jeu exigeante.
L’avènement de la guitare basse électrique
C’est au début du XXème siècle que des recherches intensives sont menées pour pallier aux difficultés rencontrées par les bassistes acoustiques et ainsi démocratiser l’instrument. Plusieurs innovations sont mises en place, comme l’amplification électrique ou encore le remplacement des cordes traditionnelles par des bandes métalliques.
En 1951, un événement historique vient révolutionner la pratique de la guitare basse : l’invention et le lancement sur le marché du modèle Precision Bass, conçu par Léo Fender. Cet instrument dit « solid body », c’est-à-dire constitué d’un corps plein et non creux, présente des avancées significatives. Il répond à plusieurs problématiques rencontrées par les musiciens.
Les atouts de la Precision Bass
Frettes permettant une plus grande précision et facilité de jeu ;
Mécanisme d’amplification électromagnétique offrant une sonorité claire et puissante ;
Format compact et léger adapté aux concerts et tournées.
Au cours des années suivantes, de nombreux fabricants s’inspirent de cette innovation majeure et développent à leur tour des modèles de guitare basse électrique, donnant naissance à une véritable révolution musicale.
Les grandes étapes de l’histoire de la guitare basse électrique
Depuis sa création, la guitare basse électrique a connu plusieurs évolutions marquantes, qui ont participé à façonner le paysage musical contemporain.
Les années 50 : premières expériences et succès commerciaux
Avec l’avènement du rock’n’roll et des musiques populaires dans les années 1950, le besoin pour des instruments amplifiés se fait de plus en plus ressentir. De nombreuses marques tentent alors d’émerger sur le marché, en proposant des guitares basses électriques aux caractéristiques variées.
Fender Jazz Bass (1954) : ce modèle mythique incarne l’image emblématique de la guitare basse électrique avec deux micros « single coil » ;
Rickenbacker 4001 (1957) : alternative à la Fender Precision Bass. Très prisée par les groupes britanniques des années 60 tel que les Beatles.
Les années 60-70 : innovations techniques et démocratisation
Jusque-là réservée aux professionnels, la guitare basse électrique conquiert progressivement un public amateur. Cette démocratisation engendre également l’apparition de nouvelles préoccupations, en termes d’esthétique sonore, mais aussi matérielle. Les fabricants redoublent alors d’inventivité pour satisfaire ces nouvelles attentes :
Gibson EB-3 (1961) : avec son look iconique et son micro double bobinage, cette basse est très appréciée par les musiciens du rock psychédélique.
Fender Mustang Bass (1966) : une variante de la Precision bass à la taille réduite, populaire auprès des jeunes bassistes de l’époque.
Les années 80 à nos jours : diversification et personnalisation
Au fil des décennies, la guitare basse électrique continue de se développer et d’innover, en proposant toujours plus de possibilités. Aujourd’hui, les fabricants rivalisent de créativité pour s’adapter aux besoins spécifiques de chaque musicien et marquer leur identité :
Modèles à 5 ou 6 cordes, permettant d’élargir la palette sonore ;
Basses fretless, offrant un jeu plus aérien et proche de l’acoustique ;
Possibilités infinies de finitions et de couleurs, pour une esthétique personnalisable.
Conclusion
Depuis ses racines dans la contrebasse, jusqu’à sa version électrique moderne créée par Léo Fender en 1951, la guitare basse n’a cessé de se métamorphoser au gré des évolutions technologiques et artistiques. Elle est aujourd’hui un instrument incontournable de la musique contemporaine. Et la preuve vivante que l’innovation et le progrès sont en parfaite harmonie avec la tradition.
Batterie
De l’Antiquité au XIXe siècle
Tout au long de l’histoire de la musique, les tambours ont joué un rôle de premier plan. D’ailleurs, la musique a commencé avec les instruments de percussion les plus primitifs, à une époque où les premières civilisations n’existaient pas encore. Des milliers d’années ont passé, et les tambours sont toujours utilisés à la fois pour le plaisir et à des fins pratiques.
La plupart des historiens s’accordent à dire que l’objectif initial de ces instruments était plutôt pratique. Les rituels religieux et superstitieux jouaient un rôle important dans les temps anciens. Peu après, les gens ont commencé à les utiliser à des fins militaires, le tambour étant l’un des meilleurs moyens de communiquer avec une masse de personnes.
Cet état s’est maintenu à peu près jusqu’au XIXe siècle.
À mesure que les civilisations progressaient, les percussions évoluaient elles aussi. Les racines des pièces de batterie courantes d’aujourd’hui se trouvent dans l’Europe médiévale et de la Renaissance, mais n’oubliez pas que certaines d’entre elles, comme les cymbales, existaient sous une forme pratiquement identique depuis des milliers d’années.
Les années 1800
Même dans les années 1800, l’accent était mis sur les objectifs militaires et le fait intéressant est que, même à cette époque, les orchestres militaires étaient composés de nombreux percussionnistes. Différents tambours, tels que la grosse caisse et les cymbales, étaient joués séparément, par des joueurs différents. Les orchestres classiques étaient composés de divers éléments de percussion qui font aujourd’hui partie intégrante des batteries, comme la caisse claire, le gong, le vibraphone, le fouet, le triangle, le marimba, etc.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les musiciens et les inventeurs ont enfin commencé à combiner deux ou plusieurs instruments à percussion. En 1900, de nombreuses tentatives ont été faites pour créer un instrument qui permettrait de réduire le nombre de personnes dans la section des percussions d’un orchestre.
Les années 1900 et la première pédale de tambour
L’une des choses les plus révolutionnaires de l’histoire de la batterie s’est produite au cours de la première décennie du 20e siècle. William F. Ludwig a mis au point un concept entièrement nouveau, qui sera connu plus tard sous le nom de pédale de grosse caisse. À cette époque, il s’agit d’une véritable percée, car les deux mains sont libres de jouer simultanément plusieurs parties de ce qui deviendra bientôt une batterie.
Après cette invention, les batteurs ont commencé à jouer en position assise. On peut donc dire que la batterie a pris sa forme actuelle après l’introduction d’une pédale de basse.
Il est à peu près vrai de dire que la persévérance est le facteur clé de l’évolution de la batterie. À l’époque, la plupart des orchestres avaient des budgets assez serrés et le moyen le plus simple d’économiser de l’argent était d’attribuer plus de parties de percussion à une seule personne.
Cela nous amène au prochain arrêt, qui serait probablement la première batterie de l’histoire. Elle est apparue au cours de la deuxième décennie du 20e siècle et comprenait trois parties : une grosse caisse, une caisse claire et une cymbale. La caisse claire et la cymbale étaient toutes deux montées sur pied, ce qui permettait l’utilisation simultanée des trois éléments d’un ensemble.
Introduction du Hi-Hat/Charleston
Une fois que les batteurs se sont sentis à l’aise avec le nouveau design à trois pièces, ils en ont voulu davantage. À cette époque, nous avons assisté à de nombreuses expériences, chaque joueur préférant certains de ses « bruiteurs » favoris. Cependant, la plupart d’entre eux sont restés dans l’histoire. Le seul qui a survécu et est devenu une partie standard d’une batterie, avec les trois parties établies, était le charleston.
La conception originale, cependant, était un peu différente de ce que nous voyons aujourd’hui. Le principe de base était le même, à savoir deux cymbales opposées qui s’entrechoquent lorsque l’on appuie sur la pédale. Le son est tout à fait le même que celui des charlestons d’aujourd’hui, c’est-à-dire une sorte de son coupé à la main.
Cependant, le fait intéressant est que cet « instrument » n’était qu’à un pied du sol. Au cours des années suivantes, le charleston a commencé à grandir et est finalement devenu un hi-hat.
Gene Krupa et l’aube de la batterie moderne
Sans aucun doute, Gene Krupa est l’une des figures les plus importantes de l’histoire de la batterie, et ce pour plusieurs bonnes raisons. Célèbre pour son jeu énergique et rapide, Krupa a établi la batterie comme un instrument solo. Il a laissé des tonnes d’enregistrements mais, plus important encore, il a utilisé une combinaison de parties de batterie qui sont également des composants standard de la batterie d’aujourd’hui.
Cela signifie un ensemble composé d’une grosse caisse, d’une caisse claire, de deux toms (un monté sur la grosse caisse, l’autre sur le sol), d’un charleston et de trois cymbales – ride, splash et crash.
Cette configuration permettait des séquences polyrythmiques rapides, si bien que de nombreuses légendes de la batterie sont apparues peu après. L’un d’eux est Max Roach, qui a créé de nombreux motifs rythmiques de jazz qui sont aujourd’hui des standards.
Loud, Louder, Rock’n’Roll
Les batteurs de rock n’ont pas toujours été les musiciens les plus habiles et les plus talentueux, mais ils ont eu un impact énorme sur l’évolution de cet instrument. Tout d’abord, un grand merci pour la popularisation, car les batteurs de rock célèbres ont inspiré des milliers de jeunes enfants à commencer à jouer de ce bel instrument.
La musique rock a également eu un impact important sur le développement des batteries. Bien entendu, le volume sonore est la première chose qui vient à l’esprit. Les instruments amplifiés, comme les guitares et les basses électriques, sont devenus partie intégrante des groupes de rock, et il fallait donc trouver le moyen de rendre les batteries encore plus fortes. Les batteurs ont commencé à ajouter de plus en plus de parties. L’une des plus intéressantes est la double grosse caisse. Bien qu’elle ait été initialement utilisée par Ginger Baker dans les années 60, son usage s’est généralisé quelques décennies plus tard avec l’apparition de genres metal plus agressifs. De nos jours, pratiquement tous les batteurs de metal utilisent une double pédale de grosse caisse, mais on la trouve également chez les batteurs d’autres genres musicaux.
Une autre chose qui est venue avec le rock, ce sont les grands événements. Pour jouer devant des milliers de personnes, il fallait quelque chose d’assez fort. Les ingénieurs ont donc commencé à développer des batteries fabriquées dans différents matériaux, notamment des batteries en acrylique. En parlant de matériaux, les peaux synthétiques, en film polyester Mylar, ont complètement remplacé les peaux naturelles à l’époque, en raison d’une bien meilleure résistance aux changements de température et d’humidité, ainsi que d’une durabilité nettement améliorée.
Afin de donner plus de couleurs à leur jeu, les batteurs ont commencé à ajouter de nombreux éléments de percussion auxiliaires à leurs sets, notamment divers instruments modernes et traditionnels du monde entier. Aujourd’hui, vous trouverez difficilement un batteur de jazz ou de fusion qui ne combine pas des parties de batterie typiques avec des percussions exotiques.
Entre-temps, l’évolution des batteries électroniques a également commencé. Les premières boîtes à rythmes sont apparues dans les années 60, tandis que les batteries électroniques sont devenues monnaie courante quelques décennies plus tard. Aujourd’hui, l’offre de batteries électroniques est énorme et comprend aussi bien des kits d’entraînement abordables que des ensembles professionnels qui coûtent des milliers d’euros.
Saxophone
Perçu comme le chaînon manquant entre les cordes, les bois et les cuivres, le saxophone voit le jour dans les années 1840. Adolphe Sax dépose un brevet en 1846 dans lequel il présente une famille de huit saxophones. Malgré l’intérêt immédiat manifesté par Berlioz, Rossini et les plus grands compositeurs classiques du début du XXe siècle, il faudra de nombreuses années pour qu’il sorte de l’ombre.
Une époque propice aux inventions
Le XIXe siècle fut l'époque des inventions décisives dans de nombreux secteurs comme l'industrie, qui réalisa les audaces technologiques les plus spectaculaires, à l'exemple de la Tour Eiffel édifiée à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889. Après le siècle des Lumières, le siècle du Progrès voit ainsi surgir des évolutions techniques considérables, notamment dans le domaine des instruments à vent.
Citons le piston de Blühmel et Stolzel en 1813, progressivement appliqué à tous les cuivres, mais aussi le nouveau mécanisme que Théobald Boehm adapta sur la flûte traversière en 1832. Un mécanisme repris sur la clarinette en 1839, dont Adolphe Sax s'inspirera pour la toute nouvelle famille des saxophones, puisque les doigtés qu'il élabore sont directement issus de ceux de la flûte traversière et de la clarinette.
Nouveau venu dans la famille des bois
TEn 1840, Adolphe Sax (né à Dinant en Belgique le 6 novembre 1814, mort à Paris le 7 février 1894) construit un instrument au registre grave qu'il dénomme « Saxophon » et qu'il projette de présenter en 1841 à la Commission de l'Exposition belge des produits de l'industrie à Bruxelles. En réalité, c'est le catalogue officiel de cette même exposition qui fait mention pour la première fois d'un saxophone basse, car malheureusement Adolphe Sax n'aura pas le temps de le terminer dans les délais impartis. Il semblerait toutefois que Sax ait fait entendre son instrument durant cette même exposition.
Plus tard, à l'occasion de l'Exposition des produits de l'industrie française qui se tient du 1er mai au 30 juin 1844, Sax organise à nouveau une présentation de son instrument. Il s'agit du saxophone basse en si bémol (existant aussi en ut), décrit comme le n° 2 des huit saxophones du brevet n° 3226 du 21 mars 1846.
Le nouveau saxophone d'Adolphe Sax dispose d'une perce à cône parabolique et d'un bec à anche simple qui vient s'adapter, en se rétrécissant, au corps de l'instrument. Il ne se contente pas d'inventer le saxophone ni de s'en tenir à un seul instrument. Il a toujours le souci de développer une famille, généralement de six à sept membres. Le but étant de couvrir la plus grande étendue de registres et de faciliter l'intégration des instruments au sein de l'orchestre. C'est tout d'abord la famille des saxhorns composée de six membres pour laquelle il dépose un brevet en 1843, puis celle des saxotrombas portée à sept membres dont le brevet est daté de 1845. Viennent ensuite, en 1846, la famille des saxophones comportant huit membres, puis, en 1849, la famille des saxtubas. Au total, Adolphe Sax déposera environ 46 brevets pour ses inventions.
Adolphe Sax à Paris
Dès l'automne 1842, Adolphe Sax s'installe à Paris, rue Neuve-Saint-Georges, dans un petit atelier qui comptera jusqu'à 191 ouvriers en 1848 et produira quelque 20000 instruments durant la période comprise entre 1843 et 1860. Il fait très rapidement la connaissance d'Hector Berlioz qui n'aura de cesse de le recommander, et de faire les louanges de ses nouvelles idées instrumentales.
Berlioz écrit dans le Journal des débats du 12 juin 1842, dont il était le critique musical, un article entièrement consacré à Adolphe Sax le présentant en ces termes :
C'est un homme d'un esprit pénétrant, lucide, obstiné, d'une persévérance à toute épreuve, d'une grande adresse, à la fois calculateur, acousticien, et au besoin fondeur, tourneur et ciseleur. Il sait penser et agir ; il invente et il exécute.
On peut se demander à juste titre pourquoi Adolphe Sax attendit si longtemps pour déposer son brevet français d'invention de sa nouvelle famille de saxophones. En réalité, il travailla bien avant à la conception de plusieurs familles de nouveaux instruments et de systèmes et adaptations diverses applicables au clairon, dont par exemple, le piston rotatif (barillet).
Cette famille de huit saxophones, initialement déterminée par Adolphe Sax, sera recentrée sur sept saxophones par Georges Kastner dans son « Manuel général de musique militaire à l'usage des armées françaises », paru en 1848. L'auteur précise ainsi, en bas de la planche XXV de son ouvrage, la nomenclature de la famille des saxophones :
… Il en existe une famille entière : le Saxophone suraigu en fa ou en mi bémol, le saxophone soprano en ut ou si bémol, le Saxophone alto en mi bémol. Le Saxophone alto-ténor en si bémol. Le Saxophone ténor-baryton en mi bémol. Le Saxophone basse en ut ou si bémol, le saxophone contre-basse en fa ou mi bémol.
Notons que le Sopranino en fa, bien que présent en théorie dans le brevet initial de Sax et initialement prévu par Ravel pour son Boléro, n'a jamais vu le jour. Sa partie est traditionnellement assurée par le Soprano en si♭. Les familles de saxophones accordés en ut ou en fa semblaient initialement plus adaptées à une utilisation dans l'orchestre symphonique. L'échec de cette intégration a conduit à l'abandon de ces modèles. Aujourd'hui, la famille des saxophones se compose toujours de sept membres et demeure très proche de celle que décrivait déjà Kastner :
sopranino mi♭ ;
soprano si♭ ;
alto mi♭ ;
ténor si♭ ;
baryton mi♭
basse si♭ ;
contrebasse mi♭
Le saxophone au Conservatoire de Paris
Une classe de saxophone est créée au Conservatoire de Paris en 1857 et c'est tout naturellement Adolphe Sax qui en assume la responsabilité. Sax formera ainsi 130 saxophonistes environ, sur les différents instruments du quatuor. Il sera néanmoins dépité de voir que les compositeurs s'en tiennent essentiellement à l'exploration des timbres de son saxophone alto.
Qu'importe, cela ne l'empêche pas de poursuivre ses recherches et de déposer un second brevet sur le saxophone (n° 70894 du 19 mars 1866), dans lequel il précise :
Un premier perfectionnement consiste dans l'allongement de l'instrument sans abaisser son registre, c'est-à-dire, en maintenant au même degré les notes déjà existantes. Cette disposition nouvelle me donne une plus grande étendue au grave et me permet d'augmenter les nombres des harmoniques de l'octave, et d'y joindre en même temps quelques harmoniques de douzième, c'est-à-dire, de donner au saxophone, sans rien lui ôter de ses propres richesses, et au besoin sans changer son doigté, une étendue de la clarinette et une partie des ressources particulières à cet instrument.
Un second perfectionnement consiste dans un changement apporté à la disposition du mécanisme du saxophone, particulièrement dans la partie manœuvrée par la main gauche. Cette modification, en rendant les doigtés plus réguliers et plus faciles, a pour principal résultat de simplifier l'exécution et de donner aux sons une plus grande qualité et une plus grande justesse…
Les premiers saxophones d'Adolphe Sax sont fabriqués en cuivre. Leurs doigtés empruntent autant à la flûte qu'à la clarinette, toutes deux désormais pourvues du nouveau mécanisme de Théobald Boehm. Sax se penche également sur le mécanisme en privilégiant l'ergonomie et s'attache à favoriser la justesse. Adolphe Sax cherche à améliorer la perce de ses instruments : alors que la première perce du saxophone avait la forme d'un cône parabolique, il travaille sur d'autres types de perce, en cône droit, en cône concave. La perce de type parabolique prévaut encore aujourd'hui.
Améliorations notables après 1870
Le Conservatoire de Paris va malheureusement suspendre la classe de saxophone après la guerre de 1870. Toutefois, cela ne décourage pas Adolphe Sax qui n'a de cesse d'améliorer ses saxophones, puisqu'il déposera un troisième brevet d'invention le 27 novembre 1880.
Extraits du brevet du 27 novembre 1880 n° 139 884 :
1° Le saxophone alto en mi♭, le ton le plus favorable pour les musiques militaires, et le plus répandu, représentant la partie d'alto dans le quatuor se trouve trop court d'un ton pour atteindre au grave la limite extrême du membre de la famille du violon. J'ai allongé le tube de façon à lui faire gagner deux demi tons, soient si bémol et la, qui représentent quant au diapason ré♭ et ut.
2° étendant une opération analogue au registre haut, je pose deux nouvelles clés pour obtenir fa# et sol aigu, fa# pris par la main droite, sol par la main gauche. On pourrait du reste, si l'on préfère, employer d'autres combinaisons.
Sax précise ainsi juste après :
Pour faciliter l'émission des sons aigus, je pratique une quatrième clef octaviante avec ceci de particulier qu'elle n'est pas utilisée par le pouce, mais bien mise en jeu par les clefs des notes elles-mêmes. Cette même opération peut se faire pour toutes les clefs hautes.
Les débuts du marché du saxophone
Quand Adolphe Sax décède le 7 février 1894, son fils Adolphe-Édouard (1859-1945), chef de fanfare à l'Opéra de Paris depuis 1888, prend sa suite à la tête de la manufacture Sax. Jusqu'alors le saxophone souffre d'un déficit de communication, puisqu'il est essentiellement cantonné à une utilisation au sein des musiques militaires et des harmonies. Au sortir de la Première guerre mondiale, les manufactures françaises d'instruments à vent ont perdu près des deux tiers de leur main-d'œuvre spécialisée. Les États-Unis, pénalisés par la pénurie d'instruments français durant cette période, ont été amenés à développer leur propre production.
En 1921, trente-six ans après sa création (1885), Henri SELMER Paris se lance dans la fabrication des saxophones. En adoptant le principe des cheminées étirées et non plus soudées sur le corps des instruments, SELMER révolutionne la facture du saxophone. Ce procédé déjà en vigueur aux États-Unis pour la flûte traversière autorise un gain de temps considérable pour la fabrication. L'instrument gagne aussi en fiabilité, en esthétique et en légèreté. L'entreprise se lance à la conquête du marché américain, tandis que la naissance du jazz et un nouvel art de vivre vont contribuer à l'engouement pour le saxophone.